Que vous ayez ou non la Foi, vous passerez Pâques au balcon cette année. Au balcon pour remercier toutes celles et tous ceux qui risquent leur santé pour que nous conservions la nôtre. Au balcon, pour mettre le nez au printemps. Au balcon, parce l’air sans bagnole est devenu plus respirable. Au balcon ou dans votre chambre, pour vous, cette suite de tankas pascaux (LE TEMPS CONFINÉ-4).
Après une crise d’une telle ampleur, le monde sortira de Covid19 meilleur ou pire. Meilleur si l’humanité fait le choix, librement consenti, d’une économie respectueuse de la nature et donc des êtres qui la composent. Pire si, par peur de la liberté, elle prend la voie de l’autocratie et du contrôle total de l’autorité sur ses sujets. Les moyens technologiques pour libérer ou asservir abondent.
Tant qu’à être confiné, redécouvrons la poésie. Vous l’aviez délaissée peut-être comme un vieux jouet déglingué par la nonchalante négligence du temps qui passe. Mais elle ne vous avait pas oublié. La voilà qui frappe à votre fenêtre. Laissez là entrer, elle ne porte pas d’autres virus que ses mots vibrionnants.
Petite pose avec cette suite de tankas. Ancêtre du haïku, le tanka est une forme de poésie brève d’origine japonaise. Il se décline par trois vers de 5, 7 et 5 pieds puis de deux vers de 7 pieds chacun. Le haïku ne compte que trois vers avec la même métrique 5-7-5.
Juste avant l’an nouveau, Le Plouc, alias Jean-Noël Cuénod, a appris qu’il a reçu le Prix Renée-Vivien 2019, décerné par l’Académie qui porte le nom de cette grande poétesse de la Belle Epoque (son portrait ci-dessus). Marguerite Yourcenar, Jean-François Dussotier, Claire Hercelin, Vital Heurtebize figurent parmi les lauréats.
Entre-deux. Entre Noël et Nouvel-An. Entre l’an qui s’achève et l’autre qui commence. Entre la pluie et la neige. Entre ciel et terre. Nous vivons entre parenthèses. Quelques tankas d’hiver. Rappelons-le, il s’agit d’une forme poétique d’origine japonaise formée de trois vers de 5 – 7 – 5 pieds suivis de deux vers de 7 pieds. Avec ça, si vous ne devenez pas mille-pattes…
A tous nos chats disparus et réapparus juste pour Noël, ce poème de forme tanka, ancêtre du haïku. Il se décline sous cette forme : trois strophes de, respectivement, 5-7-5 pieds chacune, suivies de deux strophes de 7 pieds chacune. C’est une forme classique au Japon où le 5 et le 7 sont des nombres symboliquement essentiels dans la tradition shintoïste.
En Occident, le 5 symbolise soit l’homme, soit la division (il divise en deux le nombre de la puissance divine 10), soit… les deux en même temps. Le 7 est le nombre de la création parfaite alliant l’Esprit et la Matière.
Souvenirs des jours vendangeurs, à porter brantes et cacolets sur les pentes valaisannes, rudes et raides, sous le soleil, implacable comme un procureur ou durant les « tardives », par un gel inquisiteur comme un juge. Mais il n’y a pas que le raisin que l’on vendange…
L’été brûle. En Amazonie, ce n'est pas le feu qui ravage mais le calcul glacé des agroprédateurs. Attisez donc les braises du vrai feu avec la poésie pour tisonnier. En faire provision n’est pas un luxe. Parmi les flammes ravivées surgira peut-être le superbe recueil Deuil du singe[1], composé par l’un des grands poètes vivants, Marc Delouze.
Jeudi 11 juillet, Vincent Lambert est parvenu au bout de sa vie. Les polémiques sur l’euthanasie et les conditions liées à la fin de vie se poursuivront. Il reste le souvenir d’un homme libéré des souffrances de ce monde.
En cette canicul’ère, vous croyez avoir chaud ? C’est que vous n’avez pas entendu le chant du vrai Feu ! Celui qui brûle sans cendre. A lire. A ouïr. Si vous le voulez bien.
POESIE À LIRE ET À OUÏR – Captez les ondes du grand retour. Ecoutez tout au fond du bruit de fond les vieux chants qui se fraient un passage. Elles reviendront, les sorcières…
À LIRE
Tambour aux tempes les femmes au corps souverain
Prennent possession du monde et de sa marche
Apôtres du soleil envoyées de la lune
Tirant de leurs larmes le sel de leur destin
Tirant de leur sang l’huile de leur onction
Elles s’avancent pour engloutir les grandes plaines
Leurs lèvres s’ouvrent et libèrent des oiseaux
Leurs mains se tendent et caressent des serpents
Leurs peaux se dilatent et recueillent des poissons
Leurs yeux se ferment et gardent la lumière
Tambour aux tempes les femmes au corps souverain
Emportent avec elles l’agneau le lion
Pour les nourrir de leur lait aux saveurs d’étoiles
Gouttes de lumière le long de la gorge
Qu’il est chaud le sein sacré de nacre et de soie !
Le Plouc vous souhaite une année pleine de flammes pour réchauffer nos cœurs refroidis et brûler nos masques. Mais pour aller plus loin vers la connaissance de ce qui fait notre être véritable, impossible de se contenter d’un brasero. Il faut trouver son chemin vers la source du Feu.
A LIRE
Vers la source du feu la cohorte chemine
Femmes et hommes tous orphelins de la flamme
Les flancs fouettés par la cravache du vent
L’échine ployée sous le fardeau du soleil
La quête et ses souffrances chevillées au corps
Compagne cruelle et rassurante la vie
La vie avec son long manteau de trépassés
L’amour est un chemin tressé de mauvaises herbes
Visages fermés tendus vers l’horizon flou
Vague et mouvante ligne au bout des regards
Comme une espérance enveloppée de fumée
Mais pourquoi espérer ? Seule importe la marche
Pourquoi chercher un cap ailleurs que dans son cœur ?
Un instant de poésie. Non pas une pause, ni une pose. Mais un laps pour reprendre son souffle. Afin de changer des Gilets Jaunes, voici un oiseau noir. Un oiseau noir qui vous veut du bien.
A LIRE
Je suis l’oiseau noir qui vous veut du bien
Mon chant referme les plaies lave les souillures
Mon silence coule tout au long de mes plumes
Goutte-à-goutte sur le cuir des corps brûlants
Mélodie plongée dans la trempe du matin
Ecoutez-la vous n’en croirez pas vos oreilles
Et pourquoi les croire ? Vous n’êtes pas des sourds
Pour ce samedimanche qui s’avance. Un poème à lire et à ouïr. Et à caresser dans le sens du poil. (photo JNC)
A LIRE
La nuit s’enfonce dans la forêt Prédatrice à pas de lynx sur la neige Silence des oiseaux et des renards Immobilité des hardes et des hordes Epées aux fourreaux crocs sous les babines Hors de portée des armes la nuit Cette nuit à nulle autre pareille Toutes les traces mènent à la peur Toute la forêt tend sa jugulaire Se soumettre se démettre et s’omettre La mort plutôt que l’attente gelée La mort plutôt que le ciel muet La mort plutôt que la lune engloutie Même le feu gît au sein de la glace Comprimé réprimé et déprimé Il suffirait d’une seule parole Une seule pour attirer l’éclair Et embraser de joie nos horizons